L’UE veut protéger les chercheurs de l’ingérence chinoise
BRUXELLES — La Commission européenne appellera les capitales de l’UE à se méfier de l’ingérence d’adversaires stratégiques dans leur recherche nationale dans la quête de technologies clés.
Dans le cadre d’un ensemble plus vaste visant à faire face aux risques liés à la lutte géopolitique entre les États-Unis et la Chine, l’exécutif européen s’apprête à dévoiler mercredi une série de recommandations destinées aux États de l’UE pour lutter contre l’ingérence étrangère dans la recherche et l’innovation.
Bruxelles souhaite également créer un nouveau centre dédié à la sécurité de la recherche européenne. Même si le langage utilisé dans la stratégie de sécurité économique européenne s’efforce de ne pas donner l’impression qu’il concerne spécifiquement la Chine, Pékin joue un rôle majeur dans les craintes de l’UE de voir la recherche tomber entre de mauvaises mains, notamment en ce qui concerne les technologies à double usage qui peuvent être utilisées dans applications militaires.
Les transferts indésirables ou les fuites de connaissances et de technologies constituent des « risques émergents » et l’UE « ne peut plus se permettre d’être naïve » à leur sujet, a déclaré la semaine dernière à POLITICO la cheffe de l’innovation du bloc, Iliana Ivanova.
Avec cette proposition, la Commission européenne marche sur la corde raide puisque les pays de l’UE détiennent les principales compétences en matière de recherche, d’éducation et de sécurité nationale, et que leurs universités et centres de recherche accordent une grande importance à leur liberté académique, qui leur permet de travailler avec qui ils veulent.
Néanmoins, la Commission exhortera les membres de l’UE à ne pas être aveugles aux risques liés à la collaboration internationale en matière de recherche, selon un projet non daté du prochain plan, consulté par POLITICO.
L’exécutif recommande aux membres de créer une structure de soutien « pour aider la recherche et les innovateurs à faire face aux risques liés à la coopération internationale en matière de recherche et d’innovation ».
Ils devraient également collaborer avec les organismes de financement de la recherche et les universités pour garantir que les projets qui suscitent des inquiétudes (projets « d’alerte ») disposent d’une évaluation des risques, afin de gérer les risques.
L’exécutif européen souhaite également centraliser une partie de la gestion des risques au niveau européen, en créant un centre d’expertise européen sur la sécurité de la recherche. Il reliera cela à une plate-forme de la Commission pour lutter contre l’ingérence étrangère dans le domaine de la recherche et de l’innovation.
Le paquet de mercredi se concentrera non seulement sur la protection de la recherche, mais également sur la promotion de nouveaux types de recherche.
Outre les recommandations sur la sécurité de la recherche, la Commission européenne devrait également dévoiler un document stratégique visant à promouvoir la recherche à double usage (pouvant convenir à des applications civiles et militaires, comme les drones ou les exosquelettes).
L’une des options consiste à ouvrir à ces technologies le programme phare de R&D du bloc, Horizon Europe, actuellement axé sur les applications civiles.
Koen Verhelst a contribué au reportage.
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