La crise politique en France menace le futur avion de combat de l'armée de l'air espagnole

La crise politique en France menace le futur avion de combat de l’armée de l’air espagnole

Le pessimisme s’installe dans l’industrie européenne de défense alors que les désaccords politiques se multiplient entre la France et l’Allemagne sur le développement du FCAS, alors que le projet de développement du futur chasseur de combat et de tous ses systèmes additionnels est connu. L’Espagne participe au programme au même titre que les deux autres nations, mais craint que la stagnation n’entraîne un déraillement… qui laisserait l’Armée de l’Air et de l’Espace sans son principal atout pour renouveler sa force de combat face à l’obsolescence prochaine de ses F-18.

Le salon aéronautique du Bourget, à Paris, a été le cadre choisi par trois ministres de la Défense pour signer le mémorandum qui a donné le signal de départ du « futur système aérien de combat européen » : la française Florence Parly, l’allemande Ursula von der Leyen et l’espagnole Margarita Robles. L’engagement impliquait la participation des trois nations à parts égales, avec la participation d’entreprises telles que Dassault Aviation, Airbus Defence and Space et Indra Sistemas.



Il ne s’agit pas d’un simple avion de combat. Le FCAS correspond à un écosystème où le chasseur de sixième génération est l’élément visuel le plus important, mais qui intègre également l’accompagnement de drones, un cloud de combat numérique, un système de propulsion de nouvelle génération, un écosystème virtuel au sol et les réseaux de communication et de cybersécurité les plus avancés, face aux interférences habituelles qui se produisent dans ce domaine.

Mais ce qui au début n’était que compréhension s’est transformé au fil des années en affrontements qui menacent la viabilité du projet. Non pas aux dépens de l’Espagne – le gouvernement a approuvé une aide à Indra et Airbus pour progresser dans les technologies du programme – mais à cause de la position que la France tente d’imposer à l’Allemagne, dans le but de rendre le FCAS plus adapté à ses besoins militaires.

Le point de friction est tel que la France a déjà prévenu que son industrie nationale – c’est-à-dire Dassault Aviation – dispose des capacités nécessaires pour affronter seule le développement d’un nouvel avion de combat, au même niveau que celui où se situerait le FCAS. Quelle est la gravité du calvaire parisien ?

Sébastien Lecornu

Face à cette question, un personnage clé se dresse : Sébastien Lecornu. Le président Emmanuel Macron lui a confié les rênes le 6 octobre afin qu’il puisse, en tant que Premier ministre, former un gouvernement de consensus. C’est la deuxième fois qu’il le fait, après la démission de Lecornu le 9 septembre, quelques heures après avoir été élu face à de vives critiques pour un prétendu manque de renouvellement au sein de son nouvel exécutif. Il n’y a aucun souvenir d’un moment de plus grande instabilité politique en France au cours des dernières décennies.

Avant d’assumer cette responsabilité, Lecornu occupait le poste de ministre des Forces armées. Son influence sur les projets d’armement, comme le FCAS, est déterminante. Et nombreux sont ceux qui définissent Lecornu comme un ardent défenseur de la souveraineté technologique et militaire française.

Il suffit de revoir la chronologie pour définir la position de Lecornu sur le futur chasseur de combat européen. En avril 2023, il a participé à un sommet organisé à Madrid pour promouvoir le projet, et en octobre 2024, il a insisté sur la nécessité de respecter « le calendrier convenu », qui prévoyait initialement la fabrication des premiers prototypes en 2027-2028, et la mise en service complète en 2040.

Mais le virage de Lecornu vers le FCAS va bientôt devenir évident. En février 2025, il prévenait que ce programme constituait l’un des piliers fondamentaux de la loi de programmation militaire, un mémorandum dans lequel la France articule l’avenir de ses forces armées. Quatre mois plus tard, il appelle à un « débat franc » sur la répartition du programme compte tenu de l’intérêt de Paris à adapter certaines de ses capacités, comme celle de transporter des armes nucléaires. Et, quelques semaines plus tard, il prévenait que « les besoins de l’armée française précèdent le développement de l’industrie ».

C’est là que la France lance son ultimatum : elle est prête – du moins le prétend-elle – à développer seule un avion de combat de sixième génération, rompant ainsi les accords signés avec Madrid et Berlin. La décision finale revient à Lecornu, alors ministre des Armées et aujourd’hui Premier ministre… pour peu que la fragilité politique française lui permette de rester au pouvoir.

L’enjeu est le développement du FCAS, un projet avec lequel l’Europe aspirait à obtenir une plus grande souveraineté en matière de défense, et dans lequel l’Espagne avait confiance pour incorporer les chasseurs de combat du futur pour remplacer le F-18, qui dans les années à venir sera confronté à la limite de son obsolescence.





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