« Paris-Bis » : le chef-d’œuvre inconnu de Joaquim Soler i Ferret
« Vous ne trouverez pas vos livres dans les étagères », a prévenu Joan Todó ; « Si vous cherchez dans les bibliothèques, vous trouverez quelques volumes de pels magatzems ; Certains des livres de jeunesse, certains des romans qu’un premigro va trouver et là il va obtenir un minerai de salconduit cap als àcars ». Ara l’edició de la “macroroman·la” , écrit pendant de nombreuses années et qui a sortit del calaix grâce à Ricard Ripoll, fait face au plus nécessaire assaig de Todó. Car la complexité, la transgression et l’ambition du roman, qui dialogue avec les grands innovateurs du genre, oblige à une lecture lente, ressentie pour affronter la difficulté et l’incompréhension.
« La révolution doit être une chose intégrale et cela doit briser la proie actuelle de la théorie dans laquelle elle est intégrée et auto-analysée et auto-analysée, et vous avez deux tâches concrètes : révolutionner votre intérieur, fer-hi dissabte, et pour exprimer cette expérience avec un langage éminemment révolutionnaire, pas si seul dans les mots mais aussi dans la manière de les lier, de les jouer », a dit Moira à l’auteur/narrateur de, un dialogue transcrit dans un dietari incluant le roman mateixa· la. Introduisant des éléments de sa biographie, le journal fonctionne comme un récit métalittéraire de l’écriture de Paris-Bis. C’est un texte autonome —il va être publié en 1985 avec le titre de Paris n’existant pas— et, pour le moment, un morceau fondamental de . L’auteur va au-delà des ressources du texte dans le texte, le mettant à un niveau plus mat que le récit. Les deux récits convergent et s’éloignent, ils se nourrissent et s’opposent, le monde « réel » du quotidien s’infiltre dans celui du roman et inversement et, par conséquent, la lecture d’un modifie la lecture de l’autre i l’escriptura d ‘un modifie l’escriptura de l’autre.
Ce sera la littérature qui s’envolera avec une indépendance qu’il continue de trouver exceptionnelle à tous égards.
Les paraules de Moira sont la poétique de l’auteur : « tout finit et commence dans l’écriture ». Je dans le llenguatge, le champ de bataille de Soler. Selon Todó, contrairement au précepte de naturalité, Soler sera confronté plus d’une fois aux critiques pour son expérimentalisme — rappelons à cet égard les commentaires rebuts arran d’haver présentés au prix Josep Pla. Il va rester fidèle au seva poétique qui a beu molt de la critique française —l’estructuralisme, fins i all elements propis de deconstrucció— ia la seva percepcion, molt generational, tot sigui dit, de l’esgotament del genere de la novela ·la —per això les échos à Paris-Bis de la littérature de , de Boris Vian.
Cette volonté de révolution, comme dirait Moira, est patente pour le roman, qui ne s’appuie que sur la langue : l’intrigue est quasi inexistante, les personnages sont plus que res tu vois que c’est stérile et qu’ils s’harmonisent à travers d’ un narrateur qui va les identifier tous les deux finit au point que le lecteur ne sait plus s’il a affaire à des personnages différents ou au contraire à des extériorisations différentes du narrateur. La verbosité des personnages, en particulier Cervell —nom qui ens pot fer pour penser qu’il fait partie, fins i tot, physique de ce narrateur qui s’identifie biographiquement à l’auteur—, ens permet d’établir un lien entre i, mais aussi avec le travail de Beckett. Pour une bande, il y a une dénonciation de la banalité de la langue et, pour l’autre, une confiance dans son caractère révolutionnaire.
Le moteur du roman est l’idée de construire une réplique de Paris, et cette idée répond à une volonté de transformation et de critique : un deuxième Paris, évocation de la modernité, de la liberté et de la laïcité, un Paris aux antipodes de « L’Espagne franquiste, un modèle et une utopie ou un rêve. I és ici sur Soler fait don d’une nova volta au roman·la : c’est un dessein, c’est l’objet du roman·la à l’écriture que j’assiste à travers le journal, et c’est un rêve : « Jo vull fer It est possible que la vie soit massée avec de la pâte de rêve », a déclaré Cervell.
En dialogue avec Vian, mais aussi avec Nabókov, Soler ens présente un roman dans la langue sur les six possibilités, un roman qui rompt entre les préceptes réalistes et qui, à partir d’une série de variations, démontre que toute transgression esthétique est politique. Soler i Ferret ferra la littérature qui volera avec une indépendance qui, à une époque où les livres écrits sur des mots préétablis abondent, il continue d’être exceptionnel dans tous les sens.
paris-bis
Joaquim Soler et Ferret
Éditorial Léonard Muntaner
774 pages. 30 euros