Macron envisage de dissoudre l'Assemblée et de convoquer des élections avec les présidents des Chambres

Le désastre français et le mal-être de l’Europe

Si, il y a quelques semaines, nous parlions du mal français parce qu’il était clair que l’opposition politique et syndicale allait rejeter la proposition du Premier ministre de l’époque de réduire le déficit et la dette, aujourd’hui la situation est devenue encore plus compliquée. Ce gouvernement qui avait, à juste titre, alerté sur le déséquilibre budgétaire et le problème des comptes publics du pays et qui avait proposé des mesures d'économies radicales, est déjà tombé. Et ceux qui l'ont remplacé ont essayé de maintenir un peu d'esprit avec une réforme des retraites mais… ils ont également échoué et, face à la possibilité de la chute d'un nouveau premier ministre, le président Macron a gardé Sébastien Lecornu qui ne pouvait rien faire d'autre, pour ne pas être expulsé par le Parlement, que de retirer également cette dernière tentative de réduction d'énormes dépenses publiques.

Lecornu est un jeune homme politique (39 ans) mais il démontre, une fois de plus, le pouvoir de la gérontocratie qui fait tant de dégâts à l'État-providence européen. Quelque chose pour lequel il vaut la peine de se battre mais, précisément pour cette raison, nous devons le rendre financièrement viable. Et il n’est pas possible (et c’est mathématique, ce n’est pas une opinion) de continuer à augmenter le coût des retraites à ce rythme si la proportion de retraités par rapport aux actifs continue d’augmenter. Il n’est pas possible que la somme d’argent apportée par la population active couvre les besoins de la population passive si elle croît à la même vitesse, tant en nombre qu’en salaires.



C’est facile à comprendre et ce n’est pas une question idéologique. Les dépenses de retraite, ajoutées aux dépenses de santé (qui, malheureusement, sont d’autant plus utilisées avec l’âge, donc le vieillissement de la population ajoute une plus grande « consommation »), continuent de croître au détriment d’autres besoins sociaux comme le logement.

Cela nuit clairement aux plus jeunes, et ce n'est pas une question de lutte générationnelle, c'est une question de priorités de nos politiques. Les votes (et cela est commun à toute l’Europe vieillissante) des retraités les ont amenés à prendre des décisions en leur faveur qui représentent un risque financier énorme. Afin d’atténuer une partie du déséquilibre qu’ils provoquent, en Espagne, l’actuel gouverneur de la Banque d’Espagne a mis en place un taux injuste (nettement insuffisant également) qui oblige les travailleurs à cotiser encore plus aux retraites.

Plus d'emplois, plus d'immigrants

En Espagne, garantir que toutes les pensions augmentent chaque année avec l'IPC, ce dont presque personne n'est assuré, pas même les autres employés de l'État (comme les fonctionnaires), creuse l'écart et, à mesure qu'il y a de plus en plus de retraités, le déficit se creuse. Certains pensent que ce problème ne peut être résolu qu’en augmentant la population active avec un plus grand nombre de travailleurs. Excellente solution si elle était réalisable car cela ne peut être réalisé qu'avec la création de nombreux emplois et une arrivée massive de jeunes émigrés disposés à les faire.

C'est un fantasme car on ne détecte nulle part dans quels secteurs ils vont être créés et cela n'a pas de sens d'augmenter la population sans eux… et sans maisons où ils peuvent résider, un autre problème urgent qui ne pourrait être résolu qu'avec une plus grande construction résidentielle, ce qui n'est pas non plus pris en compte.

L'Espagne, le pays avec le taux de chômage le plus élevé d'Europe et une dette publique supérieure au PIB, entend, pour garantir le vote des retraités, continuer à augmenter le coût des retraites publiques, espérant que les cotisants, dont le pouvoir d'achat est de plus en plus réduit, contribuent de plus en plus de fonds. Et pour ce faire, le gouvernement entend augmenter le nombre de travailleurs, même si cela ne serait possible que si la productivité s’améliorait (ce qui n’est pas le cas), si l’on trouvait de nouveaux secteurs économiques (qui non plus, et les secteurs traditionnels comme le tourisme ont déjà ralenti leur croissance) et si un grand nombre d’émigrants arrivaient (qui, au-delà des chocs culturels, n’ont également nulle part où résider). Autrement dit, il aborde un problème très grave enveloppé de fantasmes irréalisables.

Âge de la retraite

Au fil du temps, il est possible qu’en Europe nous améliorions notre productivité, que nous devenions accros à une sorte de révolution technologique (l’IA ne semble pas l’être) qui ouvre de nouvelles voies d’emploi et développe les emplois et avec elle le nombre de cotisants, mais à court terme, il n’y a qu’une seule solution pour maintenir l’État-providence actuel : réduire les dépenses et augmenter les revenus. La seconde, étouffée comme nous le sommes par la pression fiscale, ne peut être réalisée qu'avec un certain type de ticket modérateur en matière de santé qui ne serait pas non plus une panacée, mais pour la première, de nombreuses mesures efficaces sont possibles : allonger l'âge de la retraite (ce qui se produit déjà mais à un rythme beaucoup plus lent que l'augmentation de l'espérance de vie), réduire le coût des retraites, supprimer les déductions pour les retraités…

Je ne serais d’accord avec la première que si le nouveau retraité n’avait pas cotisé un nombre minimum d’années élevé, mais prolonger la vie active de quelqu’un qui a, par exemple, 40 ans de cotisation (hors temps passé au chômage), me semble injuste. La seconde est simple : réduire les pensions maximales, supprimer la revalorisation basée sur l'IPC et établir un maximum de dépenses de retraite en établissant une relation mathématique entre cotisants et bénéficiaires afin qu'un déséquilibre grave ne se produise pas en cas de crise et que le taux de chômage monte en flèche, par exemple.

Et quant à la suppression des déductions pour les retraités, il est évident que le groupe qui améliore le plus le pouvoir d'achat ne devrait bénéficier d'aucune réduction d'aucune sorte (ni sur les transports ni sur les ordonnances, pour ne citer que deux exemples). Mais puisque le gouvernement (ou le maire ou le président de région) qui prend ces décisions courageuses sait qu’il ne sera pas réélu (on l’a vu en France), le paradoxe sera que le système démocratique européen actuel (pensé comme le meilleur pour le bien-être de la population) provoquera la faillite de l’État providence. Dommage.





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