La situation à Gaza est « au-delà de l’imaginable », prévient l’OMS
Plus de 17 000 personnes – pour la plupart des femmes et des enfants – ont été tuées dans l’enclave palestinienne assiégée.
D’intenses combats urbains ont fait rage vendredi dans et autour des plus grandes villes de la bande de Gaza, alors que le nombre de morts continue d’augmenter.
Après la première phase de son offensive terrestre dans le nord de Gaza, l’armée israélienne a étendu cette semaine ses opérations vers le sud, où près de deux millions de civils sont désormais piégés.
Ils sont coincés dans un territoire de plus en plus exigu.
Le système de santé de Gaza est à genoux, a prévenu vendredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), appelant à un cessez-le-feu « maintenant ».
« La situation devient de jour en jour plus terrible… littéralement au-delà de l’imaginable », a déclaré le porte-parole de l’OMS, Christian Lindmeier, aux journalistes à Genève.
« Les enfants et les gens mendient et pleurent pour avoir de l’eau. Nous sommes à un stade où les approvisionnements les plus courants et les plus élémentaires ne sont plus accessibles. »
« La civilisation est au bord de l’effondrement », a-t-il prévenu.
Les soldats israéliens, soutenus par des frappes aériennes, ont affronté jeudi les combattants du Hamas à Khan Younis, la plus grande ville du sud de Gaza. Elle est devenue l’épicentre de la guerre, avec sa voisine Jabaliya.
Le bilan des morts à Gaza s’est élevé jeudi à 17 177 personnes, dont 70 % sont des femmes et des enfants, selon les autorités palestiniennes.
Vendredi matin, 40 personnes auraient été tuées dans des frappes près de la ville de Gaza, dans le nord, et des « dizaines » d’autres à Jabaliya et Khan Younis.
Jeudi soir, la télévision israélienne a diffusé des vidéos montrant des Palestiniens en sous-vêtements et les yeux bandés, sous la garde de soldats israéliens à Gaza. Les images ont suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux.
S’adressant au téléphone au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Joe Biden « a insisté sur la nécessité absolue de protéger les civils et de séparer la population civile du Hamas », selon la Maison Blanche.
Washington soutient fermement Israël depuis l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre, qui a fait quelque 1 200 morts. Cependant, les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par le lourd tribut imposé aux civils à Gaza.
Quatre-vingt-onze soldats israéliens ont été tués jusqu’à présent dans les combats, dont jeudi le fils de Gadi Eisenkot, membre du cabinet de guerre de Netanyahu.
Des milliers de personnes tentent de fuir Khan Younis vers Rafah, à la frontière égyptienne, seul endroit où l’aide humanitaire est encore distribuée.
« Depuis deux mois, nous nous déplaçons d’un endroit à un autre… Nous sommes très fatigués, nous dormons dans la rue », a déclaré Abdullah Abu Daqqa, qui a réussi à rejoindre la ville frontière. Il a qualifié les deux derniers mois de « les plus durs » de sa vie.
« Nous n’avons pas de besoins fondamentaux, la situation empire de jour en jour et il n’y a aucune solution politique à l’horizon », a ajouté Ahmad Hajjaj, un Palestinien déplacé à Gaza.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que le système de santé de Gaza était « à genoux ».
La plupart des hôpitaux du nord ne fonctionnent plus, tandis que ceux du sud, débordés par l’afflux de milliers de blessés, sont au bord de l’effondrement.
Depuis le 9 octobre, Israël impose un siège total à la bande de Gaza, provoquant de graves pénuries d’eau, de nourriture, de médicaments et d’électricité.
L’aide humanitaire, elle aussi strictement limitée, n’arrive qu’au compte-gouttes depuis l’Egypte.
Le carburant, nécessaire au fonctionnement des générateurs dans les hôpitaux et des équipements de dessalement de l’eau, fait également défaut.