Une manifestation "brûlant le Coran" sabote les pourparlers entre la Turquie et l'OTAN

Une manifestation « brûlant le Coran » sabote les pourparlers entre la Turquie et l’OTAN

La Turquie a annoncé samedi qu’elle avait annulé une visite de la Suède, après qu’une manifestation anti-turque a été autorisée à Stockholm.

Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a déclaré que les pourparlers avec son homologue suédois Pål Jonson avaient été annulés car ils avaient « perdu leur sens ».

La visite avait pour but d’essayer de lever les objections d’Ankara à la candidature suédoise à l’OTAN.

L’extrémiste de droite suédo-danois Rasmus Paludan a été autorisé à manifester samedi devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, suscitant l’ire de la Turquie.

Paludan avait dit qu’il avait l’intention de « brûler le Coran » devant le bâtiment.

Le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billström a condamné la haine envers les musulmans samedi après-midi, mais a souligné qu’il y avait certaines libertés dans son pays.

« Les provocations islamophobes sont épouvantables », a-t-il tweeté. « La Suède a une liberté d’expression étendue, mais cela n’implique pas que le gouvernement suédois, ou moi-même, soutienne les opinions exprimées. »

Une contre-manifestation pro-turque était également prévue à l’ambassade.

Le porte-parole présidentiel turc Ibrahim Kalin a condamné la manifestation, la qualifiant de « crime de haine ».

« Autoriser cette action malgré tous nos avertissements, c’est encourager les crimes haineux et l’islamophobie », a-t-il tweeté. « L’atteinte aux valeurs sacrées n’est pas la liberté mais la barbarie moderne. »

La Turquie a bloqué la candidature de la Suède à l’OTAN depuis mai dans le but d’amener Stockholm à répondre à plusieurs demandes politiques, telles que l’expulsion des détracteurs du président turc Recep Tayyip Erdogan et des Kurdes qu’elle qualifie de « terroristes ».

Les critiques ont mis en garde contre le respect de ces demandes, affirmant qu’elles portent atteinte aux droits et libertés en Suède, ainsi qu’à la souveraineté du pays.

Le ministre suédois de la Défense a confirmé que le voyage avait été « reporté », une décision qui, selon lui, a été prise avec son homologue turc vendredi lors d’une réunion sur l’Ukraine en Allemagne.

« Les relations avec la Turquie sont très importantes pour la Suède et nous sommes impatients de poursuivre le dialogue », a tweeté Pål Jonson.

Ankara a convoqué l’ambassadeur de Suède au sujet des manifestations pour la deuxième fois en quelques jours.

La semaine dernière, la Turquie a été chahutée par la diffusion d’une vidéo montrant un mannequin ressemblant à Erdogan pendu et qualifiant le président turc de dictateur.

Il a été posté par un groupe affilié au Comité Rojava, qui soutient les Kurdes en Syrie.

Une manifestation pro-kurde, à laquelle participe ce comité, est également prévue samedi à Stockholm, contre l’adhésion suédoise à l’Otan et le président turc Erdogan.

La Turquie accuse la Suède d’abriter des militants et sympathisants kurdes qu’elle qualifie de « terroristes », notamment ceux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de ses alliés du nord de la Syrie et de l’Irak.

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