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Le Sénégal fait face à une réaction de l’opposition après le report du vote par le président Sall

Les partis d’opposition se sont préparés à manifester dimanche après que le président Macky Sall a annoncé le report sine die de l’élection présidentielle prévue le 25 février, déclenchant une vague d’inquiétude internationale.

Juste un jour avant le début de la campagne officielle, Sall a plongé la nation dans l’inconnu en affirmant être intervenu en raison d’un différend entre l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle concernant le rejet de candidats.

Les législateurs enquêtent sur deux juges du Conseil constitutionnel dont l’intégrité dans le processus électoral a été remise en question.

« Je vais entamer un dialogue national ouvert pour réunir les conditions d’élections libres, transparentes et inclusives », a déclaré Sall, sans donner de nouvelle date.

Selon le code électoral du Sénégal, au moins 80 jours doivent s’écouler entre la publication du décret fixant la date et l’élection, de sorte qu’un scrutin pourrait désormais avoir lieu au plus tôt fin avril.

Les candidats à la présidentielle ont déclaré qu’ils lanceraient leur campagne dimanche, au mépris du report officiel.

Le parti d’opposition RFM a déclaré qu’il rejetait « systématiquement » ce report.

« Nous retrouverons tous les Sénégalais ce dimanche pour une marche », a déclaré le porte-parole du parti Cheikh Tidiane Youm.

Habib Sy, l’un des 20 candidats, a déclaré que les partis d’opposition s’étaient rencontrés et étaient convenus de lancer ensemble leur campagne électorale.

Une autre figure de l’opposition, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, a appelé à l’unité des forces pro-démocratiques.

« Tout le Sénégal doit se lever », a-t-il déclaré aux journalistes.

Sall, qui n’a aucun lien de parenté avec le président, a dénoncé « un coup d’État constitutionnel » d’un dirigeant qui « rêve d’éternité ».

Les États-Unis, l’Union européenne et la France, ancien maître colonial, ont lancé des appels pour que le vote soit reporté au plus tôt.

L’UE a appelé à des élections transparentes, inclusives et crédibles dès que possible, la porte-parole Nabila Massrali notant que ce retard « ouvre une période d’incertitude ».

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a déclaré : « Nous appelons les autorités à mettre fin à l’incertitude sur le calendrier électoral afin que le vote puisse avoir lieu le plus tôt possible, dans le respect des règles de la démocratie sénégalaise. »

Le Département d’État américain a également exhorté le Sénégal à fixer « rapidement » une date pour des « élections opportunes, libres et équitables » dans un message publié sur X, anciennement Twitter.

Le bloc ouest-africain de la CEDEAO a exprimé son « inquiétude » et a appelé la plateforme de médias sociaux X au dialogue et à un processus accéléré pour fixer une nouvelle date.

Le Sénégal est traditionnellement considéré comme un exemple rare de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, frappée par une série de coups d’État ces dernières années, notamment au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

C’est la première fois qu’une élection présidentielle sénégalaise est reportée et cela ajoute à la tension croissante.

En savoir plusLe report du vote au Sénégal, la dernière crise qui frappe « la démocratie la plus stable d’Afrique de l’Ouest »

Un décret de novembre 2023 signé par Sall avait fixé les élections au 25 février, avec 20 candidats en lice mais exclus deux personnalités majeures de l’opposition.

Sall a réaffirmé samedi qu’il ne serait pas candidat.

Mais un leader de l’opposition, Thierno Alassane Sall, a dénoncé ce qu’il a qualifié de « haute trahison envers la République » dans un post sur X, et a appelé « les patriotes et les républicains » à s’y opposer.

El Malick Ndiaye, ancien porte-parole d’un parti d’opposition dissous autrefois dirigé par Ousmane Sonko, aujourd’hui emprisonné, a également dénoncé cette décision.

« Il ne s’agit pas d’un report des élections, mais d’une annulation pure et simple », a-t-il écrit sur Facebook.

Candidats exclus

Le président Sall avait désigné le Premier ministre Amadou Ba, issu de son parti, comme son successeur potentiel après avoir annoncé qu’il ne briguerait pas un troisième mandat.

Mais son parti étant divisé sur sa candidature, Ba risquait d’être battu dans les urnes.

Le candidat contestataire Bassirou Diomaye Faye apparaît comme un vainqueur potentiel, même s’il est derrière les barreaux.

Sa candidature a été approuvée par les autorités, faisant de lui le premier candidat emprisonné à se présenter à une élection sénégalaise.

Le Conseil constitutionnel a exclu du vote des dizaines de candidats, dont Sonko, emprisonné depuis juillet 2023, et Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade.

Les partisans de Wade à l’Assemblée nationale ont demandé une enquête parlementaire sur la partialité de deux juges de la Cour constitutionnelle.

Cette motion a été adoptée par l’Assemblée le 31 janvier, avec le soutien de certains membres du parti de Sall.

(AFP)

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