Risque de fuite : la pression exercée par l'Europe sur l'aviation menace la compétitivité

L’Europe se trouve à un tournant critique, alors que les politiciens, les économistes et les entreprises tirent la sonnette d’alarme sur le fait que la surréglementation et le sous-investissement menacent de nuire à notre compétitivité mondiale.

Ce qui est essentiel désormais, c’est d’équilibrer croissance, durabilité et prospérité face aux défis internationaux croissants. C’est la voie préconisée dans les rapports Draghi et Letta, les dernières évaluations de haut niveau mettant l’accent sur des réformes rapides pour garantir une vitalité et une pertinence durables pour l’Europe.

L'industrie de l'aviation d'affaires est prête à apporter sa contribution, qui vole là où d'autres ne peuvent pas le faire, générant 100 milliards d'euros par an, soutenant des centaines de milliers d'emplois et accélérant les efforts de décarbonation de l'industrie grâce à l'utilisation de carburants plus durables et à des améliorations innovantes de l'efficacité.

Mais son moteur économique est en danger. Les régulateurs européens envisagent d'augmenter les taxes et les restrictions de vol sur l'aviation d'affaires, une stratégie peu judicieuse qui pourrait paralyser cet élément vital du marché unique de l'UE et de ses quatre libertés fondamentales.

À première vue, augmenter les taxes sur le transport aérien peut sembler une manière intelligente de soutenir les budgets gouvernementaux et de répondre aux préoccupations environnementales. Mais lorsque toutes ses répercussions sont examinées de manière plus approfondie, les changements proposés pourraient se retourner contre eux de manière significative.

Parmi les mesures à courte vue en discussion, citons la proposition du Premier ministre français Barnier de tripler la « taxe de solidarité » française, introduite pour la première fois en 2006, pour tous les tarifs aériens commerciaux. S'il est approuvé, il serait appliqué aux vols de l'aviation d'affaires commerciale au tarif spectaculaire de 3 000 € par passager sur les vols long-courriers.

Son moteur économique est en danger. Les régulateurs européens envisagent d'augmenter les taxes et les restrictions de vol sur l'aviation d'affaires, une stratégie peu judicieuse qui pourrait paralyser cet élément essentiel du marché unique de l'UE et de ses quatre libertés fondamentales.

Les pièges d’une réglementation excessive

Loin de stimuler la compétitivité, ces idées pourraient finir par démanteler une bouée de sauvetage qui injecte de l’énergie dans les économies locales.

L’aviation d’affaires crée une cascade d’emplois – depuis les concepteurs et constructeurs d’avions jusqu’aux pilotes, mécaniciens et personnel aéroportuaire.

Et, grâce à ses options de voyage de point à point, l’aviation d’affaires permet aux voyageurs de se rendre directement vers des centaines d’aéroports qui ne sont pas accessibles, directement ou pas du tout, par les services aériens commerciaux. Cela offre des solutions de voyage rapides et flexibles aux entreprises, en particulier celles qui opèrent sur plusieurs sites ou dans des régions mal desservies.

L'impact du secteur s'étend bien au-delà de ses avantages immédiats en matière de transport, comme le souligne le « Manifeste de l'aviation d'affaires européenne » que nous avons publié avec l'Association européenne de l'aviation d'affaires (EBAA). Il met en lumière les nouvelles technologies de l'aviation d'affaires qui améliorent la sécurité et la durabilité et qui, à terme, seront adaptées aux avions de ligne commerciaux.

Les constructeurs d’avions d’affaires dépensent 3 milliards d’euros par an en technologie et en avions plus efficaces. Des investissements importants sont déjà réalisés dans les carburants d’aviation durables (SAF), les avions électriques et hybrides électriques et les systèmes de propulsion à hydrogène.

En collaborant avec l'industrie sur les avancées technologiques, les gouvernements européens peuvent parvenir à une approche plus équilibrée et plus efficace pour réduire l'empreinte carbone de l'aviation.

Au lieu de cela, des mesures mal placées contre l’aviation d’affaires pourraient conduire à des résultats troublants.

Crise financière : Les nouvelles taxes et limites de vol envisagées par certains pays affaibliraient et réduiraient la contribution économique de l'aviation d'affaires. En rendant le coût prohibitif, la France pourrait inciter les entreprises à délocaliser ou à mener leurs activités ailleurs, entraînant à long terme une perte d’emplois et de recettes fiscales.

Plafonner les vols court-courriers et imposer des restrictions sur les créneaux horaires de l'aviation d'affaires dans certains aéroports rendrait l'Europe une destination beaucoup moins attrayante pour faire des affaires. Cela signifierait moins d’investissements nouveaux dans les régions économiquement défavorisées desservies uniquement par l’aviation d’affaires.

L'Europe compte de nombreux pôles industriels à proximité d'aéroports et d'aérodromes avec des services aériens commerciaux limités ou inexistants, comme l'aéroport de Clermont-Ferrand Auvergne en France, l'aéroport de Győr-Pér en Hongrie et l'aéroport de Braunschweig-Wolfsburg en Allemagne. L’aviation d’affaires constitue un outil essentiel pour accroître l’attractivité économique de ces régions en fournissant une connectivité cruciale.

Retombées environnementales : Le secteur de l'aviation d'affaires ouvre la voie à l'avenir de l'aviation, en promouvant des solutions de pointe pour réduire les émissions nocives.

Les améliorations d'efficacité, désormais standard dans l'ensemble de l'industrie, incluent les winglets (extensions verticales des ailes) qui réduisent la consommation de carburant des avions d'affaires et des avions de ligne commerciaux. L'industrie a également été pionnière en matière d'avionique légère permettant d'économiser du carburant et de systèmes de vision sophistiqués pour un itinéraire de vol plus efficace.

Quant à la décarbonisation, l’industrie s’est engagée sur des objectifs ambitieux, visant zéro émission nette d’ici 2050. Mais des taxes injustifiées pourraient entraver les investissements dans les carburants durables et le développement de technologies de nouvelle génération, comme les avions électriques et hybrides-électriques et les avions à hydrogène. systèmes de propulsion motorisés.

Quant à la décarbonation, l’industrie s’est engagée sur des objectifs ambitieux, visant zéro émission nette d’ici 2050. Mais des taxes injustifiées pourraient entraver les investissements dans les carburants durables et le développement de technologies de nouvelle génération.

Il est temps de repenser

Les gouvernements européens devraient se tourner vers la Suède, qui envisage de supprimer sa taxe sur le transport aérien pour stimuler la croissance. Une assiette fiscale plus large grâce à des politiques favorables à la croissance est plus durable que de peser sur les secteurs productifs. De même, le gouvernement néerlandais a annulé les limites de vol à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, reconnaissant l'importance économique de l'aviation.

Les récents rapports Draghi et Letta offrent une occasion opportune de réévaluer les stratégies visant à soutenir les industries européennes et leur compétitivité mondiale. Au lieu de restrictions brutales en matière de taxes et de vols, notre industrie est désireuse d’engager un dialogue qui aligne les objectifs économiques et environnementaux tout en favorisant de solides partenariats public-privé.

Il n’y a aucune limite lorsqu’il s’agit de trouver des solutions créatives et équilibrées. Notre industrie est prête à soutenir la compétitivité de l’économie européenne et les efforts durables en matière de développement durable. Les décideurs et dirigeants européens sont-ils ?

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