Les écoles françaises rendront hommage à un enseignant mortellement poignardé lors d’une attaque « terroriste »
Les écoles de France observeront lundi une minute de silence en hommage à l’enseignant poignardé à mort dans ce que le président Emmanuel Macron a qualifié d’acte de « terrorisme islamiste ».
Cet hommage national interviendra un jour après que des milliers de personnes se sont rassemblées à Arras, dans le nord-est de la France, pour rendre hommage à Dominique Bernard, 57 ans.
Son assassinat vendredi a provoqué une onde de choc à travers le pays et a conduit à des appels à un renforcement de la sécurité dans les écoles. Le gouvernement a déjà placé le pays en état d’alerte et déployé 7 000 soldats.
L’attaque d’Arras, qui abrite d’importantes populations juives et musulmanes, s’est produite dans un contexte de conflit croissant au Moyen-Orient.
L’auteur présumé, un Russe de 20 ans, a été arrêté pour ce meurtre et pour avoir également grièvement blessé trois autres personnes dans l’école qu’il fréquentait.
« Arras est testée, mais Arras est debout… nous sommes debout », a déclaré le maire Frédéric Leturque devant une foule de plus de 5 000 personnes rassemblées dimanche sur la place centrale.
Parmi les blessés, celui qui a été hospitalisé avec les blessures les plus graves « semble aller mieux », a déclaré à l’AFP une source proche du dossier.
L’attaque intervient près de trois ans jour pour jour après la décapitation, le 16 octobre 2020, de l’enseignant Samuel Paty près de son école en banlieue parisienne.
« C’est insupportable de devoir revivre la même frayeur », a déclaré Catherine Piecuch, du syndicat de l’éducation FSU. « L’État doit prendre toutes les mesures pour assurer la protection des personnels et des étudiants. »
La minute de silence de lundi dans les écoles françaises aura lieu à 14h00 (12h00 GMT).
Le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a déclaré dimanche à la chaîne TF1 que les autorités locales se réuniraient la semaine prochaine pour discuter de la sécurité dans les écoles. Il a suggéré qu’ils devraient « aller plus loin » en fournissant des agents de sécurité et une surveillance vidéo.
« Traumatisé »
Clotilde Mienville, enseignante à Arras, dit ne pas savoir comment elle aborderait le sujet avec ses élèves.
Certains d’entre eux ont été « choqués, traumatisés », a-t-elle déclaré, car ils avaient des frères et sœurs plus âgés dans l’école touchée. « Il faut leur donner la possibilité de s’exprimer », a-t-elle ajouté.
Neuf personnes étaient toujours en détention dimanche, dont l’auteur présumé Mohammed Mogoutchkov, né dans la république russe d’Ingouchie, à majorité musulmane, du Caucase du Nord. Selon une source policière, il est arrivé en France à l’âge de cinq ans.
Une source policière a indiqué à l’AFP que depuis son arrestation, il n’avait pas expliqué ce qui s’était passé.
Mogoutchkov figurait déjà sur un registre national français en tant que menace potentielle pour la sécurité et était surveillé par la DGSI, la agence de renseignement intérieur, en raison de ses liens avec son père expulsé en 2018, a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
La veille de l’attentat, la DGSI l’avait brièvement interrogé, a indiqué samedi Darmanin, tout en écartant « une faille dans les services de renseignement ».
Darmanin a appelé à « l’expulsion systémique de tous les étrangers… considérés comme dangereux par les services de renseignement », faisant référence à une « atmosphère de djihadisme » croissante depuis l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël la semaine dernière.
(AFP)