Macron: Lecornu II, ou les premières élections

Lecornu nomme son deuxième gouvernement en une semaine : une « anti dream team » qui retient quelques gros titres

Le deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu exclut les poids lourds aux aspirations présidentielles, intègre quelques « techniciens » et provoque une crise au sein du parti de droite. Lecornu II sera un cabinet avec quelques semi-inconnus qui servira à tenter de faire avancer le budget 2026 à l'Assemblée, en combattant les inévitables motions de censure déjà annoncées par Jean-Luc Melenchón, d'extrême gauche, et Marine Le Pen, de droite nationale.

Tout semble indiquer que le chef du gouvernement optera pour une suspension de la réforme des retraites, comme le réclament les socialistes, même s'ils continuent d'insister sur son abrogation. La loi actuelle a augmenté l'âge minimum pour bénéficier de la retraite de 62 à 64 ans. Pour éviter la censure du PS, Lecornu devrait également proposer l'application d'un impôt « sur les grandes fortunes » qui serait moins radical que la « taxe Zucman » (taxe de 2% sur les actifs supérieurs à 100 millions d'euros). Si ces deux conditions ne sont pas remplies, socialistes, communistes et écologistes pourraient renverser un nouveau « premier ministre », qui répéterait l’échec de Michel Barnier et François Bayrou.



Roland Lescure, macroniste historique issu du socialisme et qui s'estime issu de la « gauche pragmatique », prend les rênes de l'Economie et des Finances. Le président a voulu s'assurer que ce volet ne lui échappait pas, conscient que ses bailleurs de fonds internationaux et ses partenaires européens observent avec inquiétude la dérive de la dette et des déficits de la France.

Jean-Noël Barrot conserve le portefeuille des Affaires étrangères. Gérald Darmanin, un sarkoziste historique passé au macronisme, est un autre dieu qui répète son ministère et continuera dans la Justice. Laurent Núñez, qui a occupé différents postes en tant que haut responsable de la police, sera le nouveau chef de l'Intérieur. Núñez, jusqu'à aujourd'hui préfet de police de Paris, était responsable – avec succès – de la sécurité des Jeux Olympiques de Paris.

L'actuelle ministre du Travail, Catherine Vautrin, sera la nouvelle chef de la Défense, l'un des postes clés du président, autoproclamé chef des troupes européennes dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Le Franco-Espagnol Manuel Valls quitte le gouvernement après avoir perdu son poste de ministre des Outre-mer.

En attendant le discours de politique générale dans lequel Lecornu doit présenter mardi ses projets de gouvernement, la configuration de son deuxième cabinet a servi à alimenter la crise que traverse la droite traditionnelle depuis une semaine. Le président des « Républicains », Bruno Retailleau, a démissionné dimanche dernier de son poste de ministre de l'Intérieur et a décidé que son parti ne ferait pas partie du nouveau gouvernement. Son rival dans ses rangs, Laurent Wauquiez, n'était pas d'accord et a gagné la bataille. Au moins trois membres de LR ont accepté de rejoindre « l'équipe anti dream team » de Lecornu II, parmi lesquels la rebaptisée Rachida Dati, ministre de la Culture et candidate de la droite à la mairie de Paris aux élections de 2026. La présidence des « Républicains » a immédiatement décidé d'exclure du parti les ministres du nouveau cabinet.

La nouvelle équipe gouvernementale a été nommée en urgence dimanche soir, avant que le président Emmanuel Macron ne se rende lundi en Égypte pour participer au « sommet » qui célébrera l’accord entre les États-Unis, Israël et l’Autorité palestinienne pour mettre fin à la guerre à Gaza.

La naissance de Lecornu II arrête, pour l'instant, une crise politique devenue un insupportable vaudeville pour les Français, lassés du marketing politique et irrités par un président qui a atteint des chiffres épouvantables en raison du manque de confiance de ses concitoyens. Les organisations patronales ont également élevé la voix face à la paralysie politique qui freine les investissements et la croissance des effectifs.

Le parti de Melenchón et le parti de Le Pen sont clairs sur le fait que Macron doit démissionner ou convoquer des élections anticipées. Dans cet environnement, les sondages montrent que, dans une éventuelle Assemblée avec une majorité relative de droite lépéniste, les Français soutiendraient des accords précis, texte par texte, avec « Les Républicains », ouvrant ainsi la voie à une « union de la droite » forcée par les électeurs et non par les appareils du parti.





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