L’attaquant au couteau de Paris montre un « échec » des soins psychiatriques, selon le ministre français de l’Intérieur
Il y a eu un échec flagrant dans la prise en charge psychiatrique de l’islamiste radicalisé souffrant de troubles mentaux qui a poignardé à mort un touriste allemand dans le centre de Paris ce week-end avant d’être arrêté, a déclaré lundi le ministre français de l’Intérieur.
L’attaque près de la Tour Eiffel a accru les inquiétudes en France quant au risque d’attentats islamistes, d’autant plus que la capitale française est désormais à peine six mois avant d’accueillir les Jeux olympiques d’été de 2024.
L’agresseur était un Français d’une vingtaine d’années, né dans une famille iranienne non religieuse, mais qui avait déjà purgé une peine de prison pour avoir planifié un attentat et était connu des autorités comme un islamiste radical souffrant de troubles mentaux.
« Il y a eu clairement un échec, non pas du point de vue de sa surveillance par les services de renseignement, mais un échec psychiatrique », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur BFM TV, ajoutant que l’agresseur souffrait d’une « maladie mentale aiguë ».
« Les médecins ont dit à plusieurs reprises qu’il allait mieux, qu’il était plus normal et qu’il pouvait être libre », a-t-il déclaré.
« Exploiter les faiblesses »
Armand Rajabpour-Miyandoab, un ressortissant français né en 1997, a tué samedi soir un Allemand-Philippin de 23 ans de deux coups de marteau et de quatre coups de couteau, près de la Tour Eiffel.
Interrogé en garde à vue, il « accepte pleinement et assume la responsabilité de ses actes » et « tout porte à croire qu’il a agi seul », a déclaré à l’AFP une source proche de l’enquête, qui a requis l’anonymat.
Il a affirmé avoir agi en « réponse à la persécution des musulmans dans le monde » tout en se montrant « très froid et clinique », a ajouté la source.
L’enquête est menée par le parquet antiterroriste français qui a ouvert une enquête sur un complot « terroriste » présumé.
Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a déclaré dimanche que la mère de l’homme avait fait part de ses inquiétudes à son sujet pas plus tard qu’en octobre, mais qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves à l’époque pour engager une action en justice.
Il avait déjà été arrêté en 2016 pour avoir planifié un attentat et avait finalement purgé quatre ans de prison, et était sous étroite surveillance après sa libération.
Darmanin a déclaré que la mère de l’agresseur avait prévenu la police que son fils ne prenait plus ses médicaments et que les services de renseignement avaient suggéré qu’il soit hospitalisé. Mais elle ne voulait pas cela et a ensuite déclaré qu’il allait mieux.
Il a déclaré que les autorités régionales n’avaient actuellement pas le pouvoir d’émettre une ordonnance administrative pour qu’une telle personne suive un traitement psychiatrique et que « cela doit changer ».
Rajabpour-Miyandoab s’est radicalisé grâce à des contacts sur Internet plutôt qu’à des rencontres dans une mosquée, a déclaré Darmanin, ajoutant que l’agresseur avait également été en contact avec des auteurs d’attaques similaires dans le passé.
Ces contacts comprenaient un islamiste radicalisé originaire de la région du nord du Caucase en Russie et futur assassin de l’enseignant Samuel Paty, décapité devant son école près de Paris en 2020.
« Le terrorisme évolue et exploite les faiblesses de notre système », a déclaré Darmanin.
Quatre personnes, l’agresseur et trois autres personnes de sa famille et de son entourage, étaient toujours en garde à vue lundi matin, a indiqué à l’AFP une source proche du parquet antiterroriste.
« Pas de plan B »
L’attaque a eu lieu samedi soir alors que la France est à son niveau d’alerte le plus élevé dans le contexte de la guerre entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas, et à la suite du meurtre d’un enseignant dans une école par un islamiste radicalisé en octobre.
En criant « Allahu Akbar » (« Dieu est le plus grand »), Rajabpour-Miyandoab s’est enfui par le pont de Bir Hakeim qui traverse la Seine après l’intervention d’un chauffeur de taxi.
Rencontrant une patrouille de police de l’autre côté, il a affirmé porter une ceinture explosive avant de courir à nouveau, frappant deux passants, un citoyen britannique de 66 ans et un Français de 60 ans, avec un marteau.
Il a finalement été arrêté à deux coups de pistolet paralysant et placé en garde à vue.
Ricard a déclaré que Rajabpour-Miyandoab avait publié une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il prêtait allégeance au groupe État islamique et exprimait son soutien aux djihadistes.
L’attaque a amplifié les inquiétudes en matière de sécurité concernant les Jeux olympiques, qui doivent commencer par une cérémonie d’ouverture sans précédent sur la Seine, que les experts considèrent comme une cible potentielle vulnérable pour une attaque.
Mais la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, a déclaré qu’il n’était pas prévu d’abandonner cette idée, tout en indiquant que la cérémonie fluviale pourrait être adaptée.
« Il n’y a pas de plan B, nous avons un plan A dans lequel nous avons plusieurs alternatives », a-t-elle déclaré à la radio France Inter.
(AFP)