La politique frontiste prévaut en France
Quelle maladresse de Emmanuel Macron! Les résultats électoraux placent la France dans le frontisme : extrême droite contre extrême gauche. Alors que les élections européennes étaient déjà anticipées, il y a eu ce dimanche un retournement électoral. Avec des chiffres provisoires, l'effondrement de la coalition présidentielle Ensemble pour la République, qui tombe à 21% des voix, le Front national dirigé par Marine Le Pen -rebaptisé Regroupement national (RN)-, avec 33,5%, et le Front populaire (NFP) contrôlé par Mélenchon, avec 28,5%, dominent désormais la scène politique française. Le jour du scrutin a eu un air de « fronde », d’irritation visible, et la participation est passée de 48 % en 2022 à près de 70 %.
En résumé, le populisme de droite du RN connaît une croissance spectaculaire, doublant presque son soutien électoral, et le populisme de gauche du Front populaire devient la deuxième force. En attendant la confirmation de ces résultats au second tour dimanche prochain, le fait le plus marquant est le mouvement massif des électeurs vers le lepénisme. Des études préélectorales comme celles de l'Ifop identifient son origine chez les électeurs du Les Républicains le centre-droit qui, divisé, a perdu de nombreux électeurs et les propres électeurs de Macron, dont l'échec politique incontestable est à l'origine du séisme électoral.
Comment allez-vous entendre les interprétations du gauche véritésoutenus par leur doctrine universelle de « lutte des classes », il est intéressant de se tourner vers des études sérieuses qui identifient la base électorale de l’histoire. Front National. Comment analyser Pierre Rosanvallon dans « Le siècle du populisme», les ouvriers, qui représentaient à peine 3 % de leurs votants en 1974, sont devenus plus de la moitié de ceux qui ont voté pour eux en 2012 et, selon la dernière étude Ifop, alors que seulement 23 % des « ouvriers » manifestent de la sympathie pour les les rouges du Front populaire, jusqu'à 56% le font pour Le Pen. Les préoccupations qui ont provoqué le changement de vote sont essentiellement la sécurité, le coût de la vie et la terrible gestion de l'immigration irrégulière.
Au second tour, Le Pen, qui n'a obtenu que huit députés en 2017, pourrait obtenir la majorité absolue des 570 députés à l'Assemblée nationale, même si les sondages le démentent. En 2017, la coalition Macron y est parvenue facilement avec 32% au premier tour. Ce qui est décisif, c'est que le « vote utile » a changé de camp et n'est plus représenté par le macronisme. Ce détail pourrait être définitif dans les décisions des électeurs dimanche prochain. L'analyse des comportements électoraux antérieurs nous amène à penser qu'à cette occasion, ce qui est prévisible, c'est que le vote se concentrera sur le RN et que le rejet nuira au Front populaire dans le face-à-face entre les deux, même si la formation L’existence de trois blocs d’électeurs complique les prévisions.
L’échec de Macron, auquel il faut ajouter auparavant celui de Sarkozy et Hollande, a fait perdre du poids politique aux partis appelés à la modération politique.
Avec ou sans majorité absolue RN, la France entre dans une phase d'instabilité jusqu'en mai 2027 avec un conflit permanent entre le président Macron et Le Pen, aspirant alors à lui succéder. Ceux de Mélenchon – y compris les socialistes, jetés dans la montagne, comme leurs collègues espagnols – devraient basculer dans une agitation de rue permanente. L'échec de Macron, auquel il faut ajouter celui de Sarkozy et Hollande Auparavant, cela a fait perdre du poids politique aux partis appelés à faire preuve de modération politique. Mauvaise période pour dépendre du populisme dans un pays qui a besoin de réformes économiques qui ne peuvent être reportées.
Ce renversement intervient dans une France dont les comptes publics sont en situation de risque extrême. Selon la quantification réalisée par l'Institut Montaigne des offres électorales, les mesures proposées par Le Pen ajouteraient 100 milliards d'euros supplémentaires à un déficit public déjà galopant. Le Nouveau Front Populaire serait encore pire, avec 250 milliards. Cela, dans le pays européen avec la plus forte proportion de PIB consacrée aux dépenses publiques -57% en 2023 !-. C’est ce que signifie utiliser le budget public pour attirer des votes.
Depuis l’Espagne, il convient de s’interroger sur les répercussions pour l’Union européenne de ce tsunami électoral français. Il y aura des conséquences sur des questions centrales telles que la discipline budgétaire à un moment critique ou dans la guerre avec Poutine, d’autant plus que Le Pen compte toujours dans son équipe des sympathisants ouvertement pro-russes. Même s’il est conseillé de mettre les choses à leur juste mesure. La direction de l’UE est déjà solidement constituée d’un bloc de centralité politique soutenu par 406 parlementaires européens sur 720. Par ailleurs, il n’existe pas de secteur de droite homogène, bien au contraire : ils sont radicalement divisés sur des questions centrales, comme la guerre de Ukraine ou les politiques de dépenses publiques. Si Marine Le Pen parvient à s'imposer dans la politique française, elle ne facilitera pas la tâche des institutions européennes, mais elle sera contrainte, comme auparavant, à la modération. Giorgia Meloni en Italie.
Tribu contre tribu
Pour une lecture espagnole de ces élections, ce scénario d’affrontement « à mort », tribu contre tribu, ravirait le sanchisme politique et médiatique. Combien les Barcelós et Ferreras donneraient-ils pour un combat direct entre Vox-Le Pen et Sánchez-Mélenchon ! Mais ce n’est pas le cas. Comme le travail Keir Starmer au Royaume-Uni et Donald Tusk du centre-droit en Pologne, Alberto Nuñez Feijóo Il bénéficie d'un soutien suffisant en Espagne pour éviter une frénésie similaire à celle observée en France.
Comme le montre l'implosion de la coalition gouvernementale sanchiste, y compris les socialistes – à Madrid, Castille et León, Estrémadure, Andalousie… -, aujourd'hui tous les chemins mènent, non pas au Illamais à des élections anticipées et à une restauration démocratique, heureusement pour les Espagnols.