Ukraine, Suède et stratégie : de quoi sera-t-il question au sommet de l’OTAN à Vilnius ?
Les dirigeants de l’OTAN réunis dans la capitale lituanienne ont beaucoup à discuter, alors que des défis sans précédent assaillent l’alliance militaire dirigée par les États-Unis.
La Lituanie accueillera mardi et mercredi un sommet de l’OTAN qui devrait être dominé par la réponse de l’alliance à l’invasion russe de l’Ukraine et à la demande d’adhésion de Kiev.
Telles sont les principales questions dont les dirigeants discuteront lors du sommet de deux jours à Vilnius.
Adhésion de l’Ukraine à l’OTAN
Le président Volodymyr Zelensky devrait venir dans la capitale lituanienne avec un message pour les 31 dirigeants de l’OTAN : l’Ukraine devrait rejoindre l’OTAN une fois la guerre terminée.
Kiev, avec ses alliés d’Europe de l’Est, appelle à une feuille de route claire, affirmant qu’il est crucial que l’Ukraine rejoigne le parapluie protecteur de l’OTAN pour dissuader Moscou de lancer de futures attaques.
Mais Washington et Berlin hésitent à aller beaucoup plus loin qu’une promesse faite par l’alliance que l’Ukraine rejoindrait un jour, sans préciser de calendrier.
Les diplomates tentent depuis plusieurs semaines de trouver une formule pour le message final qui enverrait un message positif à l’Ukraine.
Les dirigeants sont prêts à renforcer les liens politiques en lançant un Conseil OTAN-Ukraine et en mettant en place un programme pluriannuel pour aider Kiev à se rapprocher des normes militaires occidentales.
Mais on se demande si cela suffira à satisfaire Zelenskyy.
« L’équipe de Zelensky poussera jusqu’au dernier moment pour en tirer le maximum », a déclaré Orysia Lutsevych du groupe de réflexion Chatham House.
Garanties de sécurité
En prélude à l’adhésion, plusieurs poids lourds de l’alliance – les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France – réfléchissent à d’éventuels engagements de fourniture d’armes à long terme pour aider l’Ukraine à se défendre.
De tels engagements seraient pris en dehors du cadre de l’OTAN, selon des sources diplomatiques.
Les promesses d’armes viendraient compléter les dizaines de milliards de dollars d’équipements déjà livrés à l’Ukraine depuis l’invasion russe il y a un peu plus de 500 jours.
Un accord similaire à celui entre les États-Unis et Israël – dans lequel Washington verse plusieurs milliards de dollars par an en aide militaire à l’État juif – fait partie des possibilités évoquées.
Des accords pour le partage de renseignements, la formation et la reconstruction de l’industrie ukrainienne de l’armement pourraient également être annoncés.
Mais certains pays ont averti que ces engagements ne peuvent se substituer à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ni contribuer à la retarder.
« La meilleure garantie de sécurité pour l’Ukraine est l’adhésion à part entière à l’OTAN une fois la guerre terminée », a récemment déclaré le Premier ministre letton Krisjanis Karins.
Adhésion de la Suède – enfin ?
L’imprévisible président turc Recep Tayyip Erdogan sera à nouveau à l’honneur au sommet de l’OTAN.
Les alliés insistent pour qu’il abandonne ses objections à l’adhésion de la Suède, qui veut devenir le 32e membre de l’alliance.
Si Ankara a donné son feu vert à l’adhésion de la Finlande en avril, elle bloque toujours celle de son voisin nordique. Tous les membres de l’OTAN doivent être d’accord avant qu’un nouveau puisse être admis dans le club.
Il y a un an, lors du précédent sommet de l’OTAN à Madrid, il avait fallu des heures de négociation pour arracher le soutien d’Erdogan à l’invitation initiale à Stockholm.
Une rencontre entre le président turc, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg est prévue lundi à Vilnius.
Ils débloqueront la situation et obtiendront une promesse turque juste avant l’ouverture du sommet.
Dépenses militaires
Après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, les pays membres de l’OTAN se sont engagés à consacrer 2 % de leur PIB aux dépenses militaires d’ici 2024.
Onze des 31 pays membres devraient atteindre ou dépasser ce seuil cette année, selon les derniers chiffres de l’Alliance.
Jens Stoltenberg s’est dit confiant que ce chiffre « augmenterait significativement l’année prochaine ».
Les Alliés ont depuis renégocié cet engagement à la hausse. Le seuil de 2 % sera désormais un minimum.
Pourtant, de nombreuses questions restent en suspens, comme le calendrier, certains pays estimant qu’il leur faudra de nombreuses années pour y parvenir.
Plans stratégiques
L’invasion russe de l’Ukraine a incité l’OTAN à revoir en profondeur ses systèmes de défense sur son front oriental.
Les dirigeants ont élaboré des plans régionaux adaptés au nouveau contexte géostratégique, qui détaillent les principales menaces, les moyens nécessaires pour défendre chaque région et les pistes d’action possibles.
Les diplomates disent que la Turquie s’y est opposée mais devrait éventuellement donner son feu vert au sommet.