Macron fait un premier pas vers la formation d’un gouvernement en France
Le compte à rebours pour la nomination d'un Premier ministre en France a commencé. Le président Emmanuel Macron a ouvert vendredi le premier cycle de consultations politiques pour désigner un nouveau gouvernement, près de deux mois après les élections législatives anticipées. Lors des meetings, la candidate de l'alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP), Lucie Castets, s'est déclarée disposée à « construire des coalitions » pour garantir la « stabilité » du pays. Mais le Premier ministre sortant, Gabriel Attal, et le président des conservateurs à l'Assemblée, Laurent Wauquiez, ont souligné que leurs groupes censureraient un exécutif composé de membres de La Francia Insumisa, le parti de gauche radicale qui a le plus de poids au sein du NFP. .
Le cycle de consultations se poursuivra lundi avec les dirigeants du Rassemblement national (RN) d'extrême droite et avec le parti d'Éric Ciotti, l'ancien président de la droite traditionnelle française exclu du parti en juin pour avoir voulu faire un accord avec la chef du RN, Marine Le Pen. Les conversations, a indiqué l'Elysée, permettent de faire un « bilan » avant la nomination d'un Premier ministre, « dans le prolongement de ces consultations et de leurs conclusions ». Les réunions, pour le moment, étaient une manière de prendre la température et de confirmer, surtout, les positions des différentes forces politiques.
Le NFP, formé par La Francia Insumisa [LFI, hermanada con el partido español Podemos]socialistes, communistes et écologistes, revendiquent le droit de nommer le premier ministre et donc de former le nouvel exécutif. L'alliance était en première position à l'issue des élections, avec 193 des 577 sièges de l'Assemblée, la chambre basse du Parlement. Elle a été suivie par l'alliance de Macron avec 166 députés et par le RN de Le Pen avec 126, bien qu'il ait recueilli le plus de voix. Aucun n'a obtenu la majorité absolue, fixée à 289 sièges. L’objectif est désormais de surmonter le blocus, qui menace de laisser le pays dans l’incertitude. De nouvelles élections législatives ne pourront pas être convoquées avant un an.
« Je suis prête à construire des coalitions, à débattre avec d'autres forces politiques pour essayer de trouver une manière de garantir la stabilité du pays et de répondre aux besoins urgents » des Français, a-t-elle déclaré après la rencontre avec Macron. Lucie Castetsle candidat de la gauche au poste de Premier ministre. Les dirigeants des quatre groupes politiques de l'alliance ont également participé à la rencontre avec le président. Dans les jardins de l'Elysée, le haut responsable de 37 ans a assuré que Macron semblait « lucide » sur la « volonté de changement d'orientation politique » après les législatives. Mais il a aussi noté qu'il lui semblait que le président était toujours tenté de « composer son gouvernement ». C'est-à-dire sans tenir compte du NFP.
Macron a reconnu que « la stabilité qu’il réclame lui-même ne signifie pas la poursuite de la politique suivie jusqu’à présent par le chef de l’Etat lui-même ». a ajouté Olivier Faurele premier secrétaire du Parti socialiste. Le président a jusqu'à présent exclu de nommer Castets, estimant que personne n'a gagné les élections. Ce qu'il défend, c'est la formation d'une coalition majoritaire avec des députés du centre, de la gauche modérée et de la droite.
Motion de censure ?
Après avoir reçu les représentants du NFP, le président a rencontré ceux du bloc présidentiel (Macronistes, Horizons et MoDem) et la droite de Los Republicanos (LR). Le Premier ministre sortant, Gabriel Attal, a défendu la nomination d'un Premier ministre « qui n'est pas issu des partis du bloc central » et a appelé à un gouvernement qui « représente un large spectre de sensibilités, de la gauche à la droite républicaine », selon à un message envoyé aux députés de son groupe et repris par les médias locaux. Il a également annoncé que son groupe voterait une motion de censure immédiate contre un exécutif avec des ministres LFI.
En France, il n'y a pas de vote d'investiture du chef de l'Exécutif. Le Premier ministre, nommé par le président, gouverne à moins qu'une majorité de l'Assemblée ne le renverse. LR, qui a obtenu 47 députés, partage la position d'Attal. Les députés conservateurs voteront « immédiatement une motion de censure » contre un gouvernement incluant le parti de Jean-Luc Mélenchon, Wauquiez a insisté après la réunion. « Ils sont dangereux pour la République. « Les valeurs de LFI sont en rupture avec les valeurs fondatrices de la République française », a-t-il déclaré.
Fin juillet, son parti a proposé un « pacte législatif » à la coalition présidentielle, mais a refusé de former une « coalition gouvernementale ». « Nous n'entendons pas être des opposants systématiques, car le pays a besoin de continuer à avancer », mais « nous ne participerons à aucune coalition gouvernementale », a rappelé vendredi le président du groupe à l'Assemblée.