Le remaniement de Macron fait pencher le cabinet français vers la droite avant les élections européennes
Le président français Emmanuel Macron a remplacé jeudi son ministre des Affaires étrangères mais a maintenu d'autres personnalités clés à leurs postes, dans le cadre d'un remaniement qui a fait pencher son cabinet vers la droite et laissant tous les plus hauts ministères entre les mains des hommes.
Ce remaniement fait suite à la nomination cette semaine de Gabriel Attal, 34 ans, au poste de Premier ministre, une décision qui, espère Macron, donnera un nouvel élan à sa présidence.
Le secrétaire général du parti Renaissance de Macron, Stéphane Séjourne, 38 ans, a été nommé ministre des Affaires étrangères à la place de Catherine Colonna, bien que d'autres ministres clés, dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le ministre des Finances Bruno Le Maire, aient conservé leur poste.
Le maintien du ministre de la Défense Sébastien Lecornu laisse tous les plus hauts ministères entre les mains des hommes, après le départ en début de semaine d'Elisabeth Borne du poste de Premier ministre.
Sejourne était en partenariat civil avec Attal, le premier Premier ministre français ouvertement gay, mais on pense désormais que leur relation est terminée.
Rachida Dati, 58 ans, ministre de la Justice sous l'ancienne présidence de Nicolas Sarkozy et membre du parti d'opposition de droite Les Républicains, a été nommée ministre de la Culture lors d'une nomination surprise.
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, 45 ans, ancienne championne française de tennis et déjà confrontée à une immense tâche dans la supervision des Jeux olympiques de cet été à Paris, dirigera désormais un nouveau super ministère associant sports et éducation, l'ancien département d'Attal.
« Actions, résultats »
« Ce que je veux, c'est de l'action, de l'action, de l'action » et « des résultats, des résultats, des résultats », a déclaré Attal à la télévision TF1, saluant « l'énergie » de ses ministres qui, selon lui, étaient « engagés à 200% pour répondre aux attentes des Français ».
Attal a déclaré qu'il tiendrait la promesse de Macron de réduire les impôts de la classe moyenne, même s'il ne serait pas lié par un calendrier.
Ces nominations semblent marquer un nouveau virage à droite pour le gouvernement centriste de Macron.
Eric Ciotti, leader du parti Les Républicains, a annoncé que Dati serait exclue du parti suite à sa nomination, l'accusant de « se placer en dehors de notre famille politique ».
En savoir plusLe nouveau cabinet du Premier ministre français Attal conserve les ministres clés de la défense et de l'intérieur
Maire de la septième circonscription de Paris depuis 2008, Dati a été inculpée en 2021 de corruption dans le cadre de prestations de conseil auprès d'une filiale de Renault-Nissan, accusations qu'elle a niées.
Attal a insisté sur le fait que cela ne posait aucun problème, soulignant la « présomption d'innocence » et a salué Dati comme une « femme engagée » qui « s'est battue toute sa vie pour obtenir ce qu'elle voulait ».
Le leader socialiste Olivier Faure a déclaré sur X qu'au lieu de promettre une régénération, le gouvernement était marqué par les « dinosaures Sarkozy ».
La chef de file du parti d'extrême gauche France Insoumise (LFI), Matilde Panot, a déclaré que le remaniement était marqué par la « relégation des femmes ».
Le départ de Colonna était largement attendu, l'ancien ambassadeur au Royaume-Uni étant considéré par les critiques comme n'étant pas une voix assez forte pour la politique étrangère française à une époque de multiples défis mondiaux.
Les yeux rivés sur les élections européennes de 2027
Lorsque Macron est arrivé au pouvoir en 2017, son gouvernement mélangeait des personnalités de droite et de gauche, mais le nouveau cabinet est parsemé de noms de droite.
Selon la chaîne d'information française BFM TV, sur les 14 ministres nommés, 8 étaient issus de la droite.
Sur les 11 ministères que compte ce gouvernement réduit, il y a sept ministres hommes et quatre ministres femmes, sans compter Attal lui-même, ainsi que trois ministres subalternes qui sont tous des femmes.
La nomination d'Attal et le remaniement sont considérés comme cruciaux pour permettre à Macron de relancer son gouvernement dans la perspective des élections européennes de juin 2024, où l'extrême droite du protégé de Marine Le Pen, Jordan Bardella, 28 ans, est en tête des sondages.
Les ministres sont également parfaitement conscients du fait que Macron ne pourra pas se présenter à nouveau aux élections présidentielles de 2027, qui représenteront la meilleure chance pour Le Pen d'accéder à l'Elysée.
Interrogé sur ses propres ambitions présidentielles, Attal a répondu que « 2027 n'est pas le sujet, ce qui m'intéresse c'est 2024 ».
Les médias français ont déclaré que l'âge d'Attal et sa relative inexpérience l'obligent à naviguer dans des eaux politiques délicates peuplées de « crocodiles » peu ravis de sa nomination.
Le Maire et Darmanin se seraient opposés à la nomination d'Attal comme le plus jeune Premier ministre de France, même s'ils l'ont tous deux vigoureusement nié.
Le haut fonctionnaire et ancien directeur du Trésor Emmanuel Moulin, 55 ans, a été nommé directeur de cabinet d'Attal mais le premier ministre amène également avec lui du ministère de l'éducation quatre jeunes conseillers spéciaux de sa génération surnommés « les power rangers » dans les médias français.
De plus, le parti de Macron n'a pas réussi à obtenir la majorité au Parlement après sa réélection en 2022, ce qui signifie qu'Attal – comme Elisabeth Borne qu'il remplace – devra rechercher le soutien de l'opposition pour faire adopter des textes législatifs importants.
« Il va falloir essayer de travailler avec eux », a-t-il déclaré à TF1, faisant référence à l'opposition.
(AFP)